[intro Tylan] Orion nous un chef des opérations ?

Il venait de s'écouler une heure depuis que le lieutenant Kwon était sortie de son entretien de présentation avec le capitaine quand celle-ci sorti à son tour de son bureau.
La vulcaine avait besoin de se dégourdir les jambes, et de s'aérer l'esprit, le lieutenant Adranov lui ayant déjà envoyé une ébauche de règlement interne à lire et corriger.

T'Lyn fit quelques pas dans la passerelle, une fois la double porte coulissante de son bureau ouverte. Une passerelle encore vide qu'elle scruta, imaginant à leurs places les tous jeunes officiers qu'elle avait recrutés - ou qu'on lui avait affectés malgré elle - qui n'étaient pas encore montés à bord.
Son regard fit le tour des consoles, du poste de pilotage à la tactique, en passant par l'écran des sciences, avant que ses yeux bruns et vifs ne se posent finalement sur son propre fauteuil.

D'un pas lent, elle s'en approcha, comme un photographe animalier dans la savane, comme si elle cherchait à l'amadouer, le dompter. Enfin, elle lui tourna le dos, pour amorcer la manœuvre d'arrimage entre la bête de cuir noir et gris, et son séant.
Voila la première fois qu'elle prenait place dans son fauteuil, sur ce nouveau vaisseau.

Mais elle s'en releva promptement quand elle entendit s'ouvrir les portes du turbolift, et se tourna vers le nouvel arrivant...

C'était la journée des premières fois. Pour une Orion, c'était assez rare pour être souligné. S'extirpant de la navette avec quelques autres enseignes et cadets tout frais sortis de l'académie, la femme à la peau verte prit le temps d'observer et de noter les détails du hangar à navettes. Avoir étudié l'architecture du vaisseau pour être au mieux préparée était une chose, pouvoir déambuler dans les coursives en était une autre. Un sentiment d'excitation palpable se lisait sur son visage et attendre que l'officier de pont vérifie une énième fois l'accréditation de chacun fut un véritable supplice. Bon d'accord, c'était un peu exagéré. Beaucoup même. Finalement elle put quitter le hangar à navettes plus rapidement qu'elle ne l'aurait cru. Grillant la politesse à ses petits camarades qui attendaient patiemment qu'on vienne les chercher, l'enseigne capricieuse s'engouffra dans le turbolift.

"Pont un !", commanda-t'elle à l'ordinateur de bord.

Enfin, elle touchait au but ! Mettre les pieds sur une véritable passerelle était devenu une idée fixe et dans quelques secondes, ce serait chose faite. Vu l'état de préparation du navire, il n'y avait que peu de chance de croiser un officier supérieur maintenant. Les portes du turbolift s'ouvrirent sur la passerelle...

Ça sentait le neuf. Ce fut la première pensée de Tylan tandis que son regard se portait sur l'équipement neuf et à la pointe de la technologie. Rien à voir avec ce qu'elle avait eu entre les mains par le passé. Une autre information arriva soudainement à son cerveau : elle n'était pas seul. Son visage se tourna vers l'autre personne présente tout proche du fauteuil du capitaine. Vulcaine et avec quatre jolis petit insignes brillants sur la poitrine. Si elle avait était humaine, nul doute que Tylan aurait blêmit. De toutes les personnes possibles à bord, il avait fallu qu'elle tombe sur le capitaine !

"Capitaine !", dit-il en se raidissant d'un coup.

Ça y est, elle se voyait déjà à récurer les injecteurs de dilithium à la brosse à dents pour lui apprendre les bonnes manières. Et maintenant, comment se sortir de ce guêpier sans y laisser trop de plumes ? Pas mal comme défi ça aussi.

L'OC haussa un de ses sourcils arqués alors que la verte se raidissait à vue d'oeil.

- Enseigne ?

T'Lyn jaugea sa jeune interlocutrice de pied en cape avant de mettre un nom sur le visage. Mais pour la forme, elle laisserait l'orionne se présenter tout de même. Aussi resta-t-elle plantée là, face à l'enseigne, dans l'expectative, joignant ses mains dans le dos, droite, avec les cheveux rattachés en catogan.

Le capitaine avait cet air perplexe courant chez ceux de sa race, mais son regard pétillait plus de vie, de chaleur, de malice. Cependant, elle arborait une stature sévère pour l'heure. Cela rendait difficile l'ambition de savoir à quoi s'attendre.

Et en plus, il fallait que ce soit une vulcaine adepte du refoulage intensif d'émotions. S'il existait bien quelque chose dans la galaxie qui soit l'opposé de l'orionne, c'était bien une vulcaine.

"Enseigne Devrano, Tylan. A vos ordres, madame."

Une présentation en bonne et due forme suffirait sans doute à amadouer la maitresse de bord mais comme toutes les représentantes de son espèce, la capitaine restait insondable exception faite de son regard.

"Veuillez pardonner mon intrusion, capitaine."

Subtilement, l'orionne amorça un pas pour se reculer tout en espérant que son nom serait rapidement oublié. Enfin, pas trop vite quand même.

Un regard scrutateur pénétrait la brune un instant avant que le corps de T'Lyn perdit ostensiblement en rigidité. Les lèvres pulpeuses s'agitèrent froidement cependant que les yeux souriraient s'ils le pouvaient.

- Bienvenue à bord de l'Odysseum, enseigne Devrano, Tylan. Quelle intrusion ? Je n'ai vu qu'un officier de passerelle se présenter à son affectation pour prendre ses fonctions.

Sur ces mots, un bref regard vers la console Ops donnait l'indice à la verte sur ce qui serait désormais son poste de travail.

- Je suis le capitaine T'Lyn, et puisque nous y sommes, je vous confie officiellement les Opérations, enseigne.

La vulcaine fit quelques pas en direction de la console attitrée, afin de laisser Devrano découvrir ses écrans. Elle avait toujours les mains croisée dans le dos.

- Bien sûr, nous n'appareillons pas aujourd'hui, vous avez le temps de vous familiariser avec la passerelle et le reste du vaisseau.

Elle marqua un recul de quelques pas, afin de laisser une forme d'intimité entre sa nouvelle recrue et sa découverte de son nouvel environnement, tout en restant disponible pour répondre à d'éventuelles questions.

Aucun son ne parvint à franchir les lèvres de Tylan. A vrai dire, la capitaine venait de réussir l'exploit de lui ôter les mots de la bouche. Littéralement. L'enseigne prit quelques courtes secondes pour analyser ce qu'on venait de lui dire et réaliser que ce que venait d'annoncer la capitaine n'avait rien d'une plaisanterie. D'ailleurs, les vulcains ce qu'était une plaisanterie ?

"C'est un honneur, capitaine.", finit-elle par articuler en se tournant machinalement vers la console en question.

Quelques pas plus tard, elle se retrouva devant la console avec sa capitaine à quelques pas en train de l'observer tel une nouvelle acquisition couteuse, lui expliquant qu'il serait bon qu'elle prenne ses marques dès maintenant sur la passerelle. Bon l'image était sans doute très éloignée de la vérité, mais c'était la première chose qui venait à l'esprit de Tylan.

Effleurant la console de ses doigts agiles, l'orionne afficha divers diagnostics du navire et autre rapports sur l'état de préparation du vaisseau. L'enseigne semblait se détendre à vue d'oeil, comme si elle était en terrain connu, et tapota distraitement sa nuque de son index gauche à l'emplacement de son implant cybernétique.

"Pas mal du tout...", murmura-t'elle pour elle-même, perdue dans ses pensées.

Voilà que maintenant, elle avait hâte de voir ce que ce navire avait dans le ventre !

"Et bien je ne pense rien vous apprendre, mais le navire semble prêt au départ." Elle se mordilla la lèvre inférieure avant de poursuivre. "Par contre il me semble qu'il y a une fluctuation d'énergie anormale au niveau de l'holodeck 1. Ce n'est sans doute rien mais puisqu'on est encore au dock et qu'on a des ingénieurs sous la main..."

L'incident en question, si on pouvait appeler ça un incident, semblait véritablement anodin mais l'imagination fertile de Tylan agrémenté de son implant l'avait déjà transformé en catastrophe majeur. Observant son capitaine, l'enseigne à la peau verte attendit de voir quelle serait sa réaction. Ou son absence de réaction plus exactement.

La vulcaine demeura impassible à l'annonce de la fluctuation, mais se rapprocha pour jeter un œil aux relevés à son tour, parfaitement calme.

- Les pics ne sont que de quelques mégajoules. Peut-être n'est-ce qu'un membre d'équipage qui utilise le holodeck. Avez-vous vérifié si un programme était en cours ? Demanda-t-elle à sa subordonnée en relevant la tête dans sa direction.

La maîtrise émotive autant que l'expérience du capitaine semblait parler : Avant de s'affoler pour rien, mieux valait éprouver toutes les hypothèses valables. Cela éviterait de faire descendre des docks une cohorte de techniciens. De plus, en tant que diplômée informatique, l'orionne devait sans doute pouvoir établir un premier diagnostique préliminaire, voire même régler le soucis, dans l'éventualité où il y en avait bien un, et qu'il était mineur. Cela pourrait être son galop d'essai.

- Nous pouvons nous rendre au pont 3 et voir sur place, si besoin. Je vous en laisse seule juge.

T'Lyn confiait clairement la responsabilité de régler cette anomalie - au demeurant peu inquiétante - à la verte. Elle pouvait le faire d'elle même ou faire appel à un ingénieur de la base stellaire, mais celui qui pointe du doigt gère.

La verte ne pouvait qu'en convenir, c'était une anomalie tout à fait mineur. Mais son passé d'esclave lui avait appris à accorder une importance toute particulière aux détails mineurs : c'était le meilleur moyen d'éviter le fouet ou une soirée humiliante avec un Ferengi. Néanmoins, il y avait peu de chance que la capitaine soit adepte de ce genre de châtiment, n'est-ce pas ?

"Aucun programme en cours.", répondit-elle machinalement.

C'était la première chose qu'elle avait vérifié après tout, mais puisque la capitaine voulait voir comment l'enseigne pouvait gérer la situation, il était temps de se mettre au travail. Repérer la panne fut aisée : un simple conduit à plasma du pont trois montrait une variation de puissance dû à un mauvais calibrage. C'était un système secondaire, ce qui expliquait qu'un diagnostic standard ne l'avait pas détecté. Le premier problème survint quand l'orionne tenta de dévier l'alimentation par une autre conduite : l'ordinateur lui répondit poliment qu'elle n'avait pas l'accréditation nécessaire.

"Humpf... on verra la bureaucratie plus tard. Si vous me permettez..."

Était-ce vraiment quelque chose à dire en présence du capitaine ? Sans doute pas mais au moins la vulcaine saurait à quoi s'en tenir. Sans attendre de réponse, l'orionne tapota de son index gauche trois fois la base de sa nuque, activant son implant. L'enseigne grimaça de douleur quand l'implant adapta son champs bio-électrique à celui de son hôte et commença à scanner les systèmes informatiques à proximité. Sur sa rétine gauche était projetée une interface rudimentaire mais efficace lui permettant de visualiser l'avancement des travaux de l'implant. Elle ignorait exactement comment l'objet exotique pouvait bien interagir avec les influx électriques de son système nerveux, et sans doute fallait-il mieux l'ignorer, mais les résultats étaient là et c'était tout ce qui comptait !

Rapidement Tylan finit par "convaincre" un sous-programme de gestion d'alimentation des synthétiseurs qu'elle était autorisée à effectuer une mise à jour. Pour se faire, il lui fallait l'accès temporaire à la gestion de l'alimentation que le programme principal lui accorda bien gentiment et après avoir "convaincu" quelques autres sous-programmes elle dérouta l'alimentation du pont trois de manière à pouvoir travailler en sécurité sur le conduit EPS rebelle.

Les doigts de Tylan voletaient sur la console avec précision et tout cela ne prit qu'une vingtaine de secondes de "temps réel" pour obtenir le résultat voulu.

"Voilà, j'ai isolé le conduit EPS qui pose problème. Il ne reste plus qu'à le recalibrer et tout devrait rentrer dans l'ordre.", dit-elle en tapotant une nouvelle série de fois la base de sa nuque, plongeant l'implant dans le sommeil.

Ce truc pouvait être flippant par moment, songea-t'elle distraitement. Et de nouveau, l'orionne observa sa capitaine avec un léger sourire cette fois, guettant une réaction.

Le capitaine fut assez surprise, avouons-le, de la manière culottée que l'orionne avait de s'affranchir des obstacles de sécurité informatiques sous ses yeux. Son regard et un subtile changement d'expression faciale le trahirent nettement, mais elle laissa l'enseigne poursuivre, pour évaluer sans interférer.

Observant tantôt l'implant, si il était visible, tantôt la console sur laquelle l'officier de passerelle pianotait, T'Lyn attendit que l'opération fut terminée et que sa subalterne lui fasse le rapport de son œuvre pour la mettre à son tour au parfum sur quoi s'attendre de sa part ;

- Très bien enseigne. Toutefois, si le résultat escompté est obtenu, il était autant inutile qu'inapproprié de violer les protocoles d'accréditation. Je pouvais vous donner les accès. J'ose espérer que sauf situation d'urgence ou impossibilité de faire autrement, cela ne se reproduira plus.

Enchainant sur ces paroles pour démontrer à la jeune femme que ce genre de fraude ne sera au quotidien plus nécessaire, ni toléré, le capitaine prit les mesures.

- Ordinateur, donne les accès de sécurité de niveau 3 pour toutes opérations à l'enseigne Tylan Devrano, ordre du capitaine T'Lyn, autorisation Hotel India Deux Lima.

Ce à quoi la voix féminine de l'ordinateur répondit :

- Commande acceptée, veuillez procéder à une identification vocale et choisir un code d'identification.

T'Lyn invita Devrano d'un signe de main à procéder aux instructions de l'ordinateur.

Honnêtement, Tylan fut surprise : il y avait des traces d'émotions sur le visage froid et impassible de la vulcaine. Victoire !

"Je me suis dis qu'une démonstration serait plus éloquente qu'une lecture longue et ennuyeuse de mon dossier, madame.", répondit-elle comme si de rien n'était.

Néanmoins, elle n'était pas assez stupide pour pousser la provocation plus loin. Quand on portait l'uniforme, l'impertinence avait des limites avec lesquelles l'orionne flirtait dangereusement trop.

"Cela ne se reproduira plus. Sauf urgence bien entendu."

Voilà qui était dit. Et puis si cela n'était pas visible, l'utilisation de son implant avait tendance à la fatiguer plus que nécessaire... Disposer d'authentique autorisations d'accès seraient un agréable changement.

"Enseigne Tylan Devrano. Autorisation Omega Pascal Sierra."

L'ordinateur accepta les paramètres de sa voix féminine caractéristique, puis l'enseigne se tourna vers sa capitaine.

"Sans doute devrai-je aller m'occuper de ce conduit maintenant ?"

Tant qu'à faire, autant continuer sur sa lancée !

Son dossier, elle l'avait parcouru de long en large depuis quelques temps, déjà. Tout ce qui était connu de Starfleet, elle en avait lu les grandes lignes. L'esclavage, les larcins, l'arrestation, la délivrance, la formation, ...

T'Lyn était bien consciente que chacun avait son histoire, elle même n'était pas épargnée, et n'avait pas peur d'encadrer une personne comme l'enseigne Devrano. C'était même tout l'objet de sa mission : faire de jeunes recrues ayant chacune leurs particularités des officiers émérites de Starfleet.

- Votre logique sous-tend d'un a priori erroné. Si elle fut longue, la lecture de votre dossier n'en fut pas pour autant dénuée d'intérêt, s'amusa à révéler la demi-humaine. Une provocation légère somme toute illogique, mais ô combien rafraichissante pour la dame aux oreilles pointues qui appréciait de pouvoir glisser subtilement humour et sympathie déguisés, de manière occasionnelle.

Elle décida d'accompagner l'orionne jusqu'aux panneaux d'alimentation de l'holodeck, prétextant un sincère besoin de marcher un peu. Elle y continuerait son observation / évaluation de son nouveau chef des opérations comme ça. Et puis, avec cette passerelle vide, elle n'avait pas grand chose d'autre à faire, encore. Un miracle, pour un capitaine.

Oh ? Ainsi la vulcaine avait lu son dossier ? Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose : sa présence sur l'Odysseum n'avait rien au hasard.

"Je vois que vous partez avec un avantage non-négligeable sur moi, capitaine.", répondit-elle en appréciant la subtile pointe d'humeur de la demoiselle aux oreilles pointues.

Atteignant le turbolift, elle attendit que son officier supérieur y entre avant de faire de même. Profitant de la proximité forcée par le turbolift, miss peau verte en profita pour observer sa capitaine de plus près et fut attirée par les yeux plein de vie de la vulcaine, contraste flagrant avec la froideur glacial des autres représentants de son espèce.

"Pont trois.", commanda-t'elle au turbolift.

C'est l'histoire d'une vulcaine et d'une orionne dans un ascenseur... Voilà qui commençait comme une mauvaise blague ferengi !

[Déplacement >>> Pont 3]